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Un registre d’inscriptions des filles-mères pour l’accouchement

700 ans des Archives de Lyon - 1820

CH/5/Q/11

Extrait de la couverture du registre CH/5/Q/11

Un registre d’accouchement de filles-mères ?

Au XIXe siècle, les femmes enceintes célibataires sont désignées par le terme de filles-mères. Délaissées par le père de l’enfant, elles sont souvent soucieuses de cacher leur faute à leurs parents ou sommées par ces derniers de réparer le déshonneur que leur maternité hors-mariage inflige à la famille en allant accoucher dans une autre ville.
L’administration de l’hospice de la Charité, voué à la prise en charge des populations vulnérables, a tenu un enregistrement très précis des entrées et des sorties de filles-mères, lesquelles font l’objet de volumes spécifiques.

 

Portraict du magnifique bastiment de l'Hospital de la Charité de la Ville de Lyon : estampe (1646, cote : CH/B/417)
Portraict du magnifique bastiment de l'Hospital de la Charité de la Ville de Lyon : estampe (1646, cote : CH/B/417)

 

 

Pour quoi faire ?

Les filles-mères n’ont pas les moyens financiers de recourir aux services d’une sage-femme ou d’un médecin pour accoucher à domicile. Elles pouvaient venir accoucher gratuitement à la Charité. Elles trouvaient une prise en charge médicale et du repos en échange du respect de règles très strictes.
Le personnel de la Charité procédait lors de l’entrée à un véritable interrogatoire de chaque fille-mère. Durant cette enquête, il s’agissait de contrôler que la jeune femme était bien autorisée à accoucher à la Charité puisqu’habitant Lyon. Elle visait aussi à connaître ses conditions matérielles d’existence, comme le fait de savoir si elle avait un emploi. À côté du devoir d’aide à ces jeunes femmes vulnérables, le souci de cette institution était également de les surveiller.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, cet interrogatoire se renforce avec plus d’une vingtaine de questions permettant ainsi d’avoir un portrait précis des parturientes.

 

Registre des filles-mères à l'hospice de la Charité : accouchement de Jeanne Marie Milliot le 21 juin 1820  (1820, cote : CH/5/Q/11)
Registre des filles-mères à l'hospice de la Charité : accouchement de Jeanne Marie Milliot le 21 juin 1820 (1820, cote : CH/5/Q/11)

 

 

 

 

 

La collection

Les registres d’inscription à l’accouchement sont cotés en sous-série 5Q. Ils contiennent les données d’état civil des patientes, leur profession, leur domicile, leur date d’entrée, d’accouchement et de sortie ou de décès. Certains registres d’inscription pour la deuxième moitié du XIXe siècle comportent des renseignements plus précis sur le parcours des filles-mères, ainsi qu’une courte description physique.
Au total, 124 registres et répertoires couvrent les années 1801 à 1934.

 

Et le 21 juin 1820 ?

500 ans jour pour jour après l’octroi de la charte sapaudine, Jeanne Marie Milliot, âgée de 20 ans, éjarreuse (1) de chapeaux, habitant au 4 rue Ferrandière à Lyon, accouche d’une petite fille également prénommée Jeanne Marie. Elle sort de l’hôpital avec son enfant le 28 juin. Le père n’est pas connu.
57 filles-mères accouchent en ce mois de juin 1820. Cette année-là, 669 femmes sont entrées à la Charité pour accoucher.

  • 1 - L’éjarreuse, ouvrière munie d’une petite pince courbe et large, a pour tâche d’arracher tous les poils, qu’on appelle jarres, du chapeau en cours de confection.