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Des archives et des hommes

Affiche de l'exposition
Archives municipales de Lyon / Grande salle 

Du 2 octobre 2001 au 2 mars 2002


Conception

  • Anne-Catherine Marin

Scénographie et réalisation

  • Équipe technique et administrative des Archives de Lyon

 


 

L’exposition réalisée par l’équipe des Archives dans leur écrin flambant neuf de Perrache, réunit pas moins de soixante-quatre utilisateurs présentant le fruit de leur travail dans les archives lyonnaises. « Des archives et des hommes » ne se veut pas tant une exposition de documents conservés dans les fonds municipaux qu’une évocation des motivations de ceux qui, avec leur plume, ont décrit pourquoi et comment ils suivaient les traces de nos prédécesseurs.

Soigneusement sélectionnées par eux, les pièces témoignent en premier lieu de l'impossibilité de définir le document d'archives en fonction de sa forme, de son support ou de la date à laquelle il a été produit mais montrent bien qu'il se définit par rapport à sa provenance. On s’expliquera alors peut-être mieux pourquoi des documents aussi différents que des bleus d’architecture, des photos de convois funéraires, d’ouvriers orfèvres, de bombardements, d’ambulance hippomobile ou encore la chromolithographie d’une parfumeuse côtoient une carte industrielle, le peson d’un tireur d’or, des marines du 17e siècle représentant des combats navals, des médailles de chiens, des dactylogrammes de la Résistance, une partition autographe de Beethoven et les calligrammes de l’artiste Marc Pessin… 

Au service du patrimoine…
Pourtant, les pièces présentées dans le cadre de cette exposition témoignent du moment où le document d'archives, produit à des fins administratives ou techniques, devient matière première de l'histoire et de la mémoire. Une fois atteint le délai réglementaire de communicabilité, elles s'ouvrent à une large catégorie de public regroupant des généalogistes, des historiens, des chercheurs en sciences sociales, économiques, politiques, en architecture, musique, art ou à de nombreux services de la ville de Lyon. Comme par exemple les pompes funèbres, la Direction du patrimoine ou le Service des carrières qui utilisent les archives à des fins administratives pour l’instruction de nouveaux dossier ; les Services techniques, s’adressant aux archives pour s'assurer de la pertinence d'opérations d'envergure portant sur le patrimoine urbain et pour des études de « faisabilité ». Eux-mêmes collaborent avec le Service municipal archéologique et leurs investigations rejoignent, d'une certaine manière, celles des historiens de l'architecture et de l'urbanisme .

Des institutions du département et de la région utilisent également les documents d'archives à des fins d'inventaire patrimonial ou en vue de la conservation et de la mise en valeur des monuments historiques et d'immeubles situés dans la proximité de ces derniers. S'intéressant prioritairement aux archives anciennes et modernes, ils prennent aussi en compte les dossiers versés récemment par l'administration municipale afin d’appréhender, par exemple, le parti de certaines restaurations.

… et de l’Histoire
Sources inépuisables pour comprendre un territoire ou capter l’esprit d’un lieu, les archives sont enfin le matériau des chercheurs, en exercice ou en devenir. Ceux-là y butinent matière à études et enseignement en utilisant les documents comme éléments constitutifs de la mémoire collective pour faire avancer l’Histoire, la connaissance du passé permettant l’invention de l’avenir. Et s’il est vrai que de nouvelles catégories de lecteurs ont poussé la porte des salles de lecture et se sont assis à côté des universitaires et des étudiants en histoire, la recherche en archives peut aussi devenir une véritable passion... d’amateurs. A l’image des généalogistes de tous âges, venant plus nombreux que jamais à la recherche de leurs racines familiales.
Les événements fondateurs, l'histoire économique, l'histoire sociale, celle des mentalités, de l'architecture, de l'urbanisme ou des arts constituent ainsi autant de domaines dans lesquels les contemporains sont susceptibles de trouver sens et identité. Une recherche sur le bâti urbain passe par exemple par l'étude de documents fiscaux et cadastraux tout autant que par les dossiers et documents iconographiques des bâtiments communaux. De même, des sources judiciaires contribuent à la connaissance de l'histoire sociale, et des registres de recensement de la population du début du XIXe siècle à celle de l'histoire économique de cette période.
Partie du lectorat des Archives municipales, exploitant les ressources du service dans une perspective historienne, ces usagers apportent leur contribution à l’exposition en montrant de la même façon les domaines des sciences humaines investis par leur étude en offrant aussi un intéressant échantillonnage des tendances actuelles de la curiosité et de la recherche. En donnant un aperçu de leur méthodologie, ils prouvent à l'envi que cette recherche est avant tout un travail patient se transformant volontiers en jeu de pistes bénéficiant parfois de découvertes fortuites. Fruits de leur intuition, ces découvertes doivent aussi au travail d'inventaire accompli sur les fonds et aux acquisitions récentes des Archives municipales, à l'effort de communication entrepris et aux instruments de recherche qui sont mis à la disposition des usagers.

Hormis l’occasion qui sera donnée, comme on dit à Lyon, de « franchir les voûtes », l’exposition installée à Perrache constitue, par ses 64 clins d’œil à l’histoire locale, en la mise en scène d’un patrimoine vivant sur le lieu même de la conservation de la mémoire municipale.