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Vieux-Lyon - 30 ans de secteur sauvegardé

Rue Saint-Jean vers 1910 - 4f12117
Archives municipales de Lyon / Palais Saint-Jean

Du 20 janvier au 12 mars 1995

 

 


Conception

  • Jeanne-Marie Dureau

 

 

Fleuron français des quartiers Renaissance et premier secteur sauvegardé de France, le Vieux Lyon dresse son état des lieux en s'affichant durant deux mois aux Archives municipales avec des dizaines de photos, de plans, de documents anciens, des maquettes et des films. Visite guidée d'un quartier cher à Rabelais et Philibert de L'Orme, il est toujours aussi vivant

Au début des années soixante, le Vieux Lyon était au centre d'une épineuse question : fallait-il restaurer ou détruire ? 
Sous l'impulsion de la "loi Malraux" de 1962 et sous la pression de l'association "Renaissance du Vieux Lyon", le maire de l'époque, Louis Pradel, opta pour la restauration. Heureuse et sage décision pour ce pôle historique et touristique de dimension internationale. Premier secteur sauvegardé de France par l'arrêté ministériel du 12 mai 1964, le Vieux Lyon s'étend sur une trentaine d'hectares répartis au pied de la colline de Fourvière en trois quartiers : Saint-Jean, Saint-Georges et Saint-Paul où l'on recense quelque 500 immeubles représentant environ 4000 logements.
Dans le plan de sauvegarde qui fut décidé, les études donnèrent naissance à de nombreux projets axés, les uns sur une politique de rénovation partielle entraînant démolitions et reconstructions importantes, les autres sur une prise en compte des contraintes de voirie irriguant le quartier. D'autres enfin, souvent contestés, préconisaient des démolitions en coeur d'îlot afin de dégager des espaces libres... Chargé de ce plan à l'origine, l'architecte en chef des Monuments historiques, André Donzet, établit un projet de sauvegarde qui prévoyait justement des démolitions importantes et la création d'un front bâti sur la montée du Chemin-Neuf, la construction d'un nouveau pont sur la Saône, le redressement de la rue Carriès avec la réalisation d'un immeuble neuf, l'aménagement de jardins dans la boucle du Chemin Neuf ou encore la suppression de la rue François Vernay... Jugé trop interventioniste, ce plan fut abandonné et une nouvelle étude fut confiée à son successeur, Jean-Gabriel Mortamet, en 1977.

Pour le maintien des populations

Celui-ci établit un nouveau plan de sauvegarde en concertation avec les usagers, les associations, les services de la Ville de Lyon et les élus. Son objet était de protéger le patrimoine bâti avec un minimum de démolitions d'immeubles anciens et en proposant des solutions pour les mettre en valeur. En somme, d'engager une dynamique dépassant largement la préoccupation de restauration en modifiant l'usage des rues et des espaces publics, en protégeant et en aménageant les espaces verts, en créant des équipements de quartier et en favorisant l'amélioration du confort des logements pour maintenir sur le site la population existante, soient près de 8.000 habitants.
Comme le disait André Malraux, Ministre de la Culture, dans le préambule de son fameux discours à l'Assemblée Nationale le 24 juillet 1962, "Une opération de restauration consiste à conserver au quartier considéré son style propre, tout en transformant les aménagements internes des édifices de façon à rendre l'habitat moderne et confortable..." 
Soumis à enquête publique à l'automne 1981, ce plan de sauvegarde fut examiné au cours de l'année suivante par la Commission locale du Secteur Sauvegardé et, tenant compte des observations formulées, fut approuvé après examen de la Commission Nationale et du Conseil d'Etat. Modifié en 1988 par le Préfet du Rhône au titre de la mise à jour de différents éléments et du statut d'un immeuble frappé d'arrêté de péril, après une demande de révision par le conseil de la communauté urbaine prescrite en 1992 pour des modifications ponctuelles et des aménagements dans des sous-secteurs laissés en attente, le projet était accepté dans sa globalité par la Commission Nationale en juin 1994.

Parallèlement au long cheminement de ce Plan de sauvegarde et de mise en valeur, les restaurations se sont poursuivies bon an ma    l an dans le quartier, la plupart de façon exemplaire. Depuis 1982, celles-ci ont été réalisées sous la forme d'une initiative publique avec une O.P.A.H.,  opération programmée d'amélioration de l'habitat et une restauration menée par des organismes H.L.M. ou assimilés. Les propriétaires privés ont agi de leur côté, avec l'aide des AFUL, les Associations foncières urbaines libres. L'Association Renaissance du Vieux Lyon, et la commission municipale du Vieux Lyon sensibilisèrent également très tôt les Lyonnais et les habitants du quartier en organisant des manifestations : visites du quartier, concours de vitrines, carnaval, fêtes diverses et même une permanence de conseils aux artisans et commerçants désireux d'améliorer leurs façades.
 
Le mouvement de protection était lancé et le Vieux Lyon, malgré quelques réserves du côté de St-Georges, devenait une entité homogène qui offrait une résistance unie à l'appétit des démolisseurs et des promoteurs de tous poils...

Rue par rue

Réalisée par la Renaissance du Vieux Lyon en partenariat avec l'équipe des Archives municipales, l'exposition présentée au Palais Saint-Jean du 20 janvier au 12 mars permet, à travers de nombreux panneaux, de retrouver le quartier du vieux Lyon d'avant 1960, de passer en revue les différentes phases de sa restauration, de découvrir celui des années 90 et les différents projets de destruction auquel il a échappé. L'exposition, qui comporte des explications sur la notion même de "secteur sauvegardé",  fait un tour d'horizon des différents îlots constitués par St-Paul, Juiverie, Lainerie, Le Change, Gadagne, Gouvernement, rues St-Jean, du Boeuf et des Trois Maries, ceux de la cathédrale, de l'avenue Adolphe-Max, du Palais de Justice, St-Georges, Doyenné et le Gourguillon. Il s'agit d'une promenade rue par rue dans les trois quartiers que sont Saint-Jean, Saint-Paul et Saint-Georges durant ces trente dernières années.
Cette présentation est l'occasion d'effectuer un passionnant voyage dans le temps et en perspective au coeur de l'un des fleurons français de la Renaissance en même temps qu'une promenade touristique, archéologique, architecturale dont les supports sont les maquettes, les plans, les livres, les affiches anciennes et les photos fournis par Renaissance du Vieux Lyon et les Archives municipales. Plusieurs films tirés d'émissions comme "Chefs d'oeuvre en péril" seront projetés en alternance sur grand écran durant toute la durée de l'exposition et une brochure largement illustrée, spécialement éditée pour la circonstance, fait le point sur les transformations depuis 1960 du plus ancien quartier lyonnais.

Dans le cadre de cet anniversaire, une autre exposition consacrée à "L'église Saint-Paul et son environnement" (1) présentera une partie de l'importante documentation photographique réunie par le pré-inventaire du Rhône en 1994 sur les richesses architecturales et artistiques de la collégiale Saint-Paul ainsi que de nombreux documents anciens et contemporains. 

Par ailleurs, "Civitas Nostra", la fédération internationale des quartiers anciens créée à Lyon en 1964 fêtera son trentième anniversaire en organisant son quinzième congrès à  la Chambre de Commerce et d'Industrie de Lyon (2). Tables rondes et ateliers de travail mettront l'accent sur la nécessité de la mixité, de la proximité et de la diversité des activités des commerces, des logements et des équipements. Intitulé "Activités économiques dans la ville : les quartiers anciens n'ont pas dit leur dernier mot", ce colloque sera une réflexion sur la ville du troisième millénaire et sur le rôle que les quartiers anciens seront à même d'y jouer...