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Plan de Sauvegarde des Biens Culturels

« Père Castor des archives, raconte nous une histoire sur les Archives municipales de Lyon ! »

Mais bien sûr ! Asseyez-vous confortablement et ouvrez grand vos oreilles....
C’est l’histoire du Plan de sauvegarde des Biens Culturels des Archives municipales de Lyon. 
Imaginez un instant....
Et si par malheur, les Archives municipales de Lyon prenaient feu ? 
Et si une crue soudaine des fleuves inondait les magasins de stockage. 
Ou pire encore, si une partie du bâtiment s’effondrait ? 
Que ferions-nous ? Que pourrions-nous faire, nous, gardiens des Archives municipales de Lyon, face à une catastrophe soudaine et inattendue pour sauver nos archives ?
L’incendie de Notre Dame nous a montré à quel point un risque soudain et incontrôlable peut être dramatique pour le patrimoine Français.
Or, dans ce lieu où est conservée l’Histoire de Lyon depuis le XIIème siècle, que pourrions mettre en place pour répondre à l’urgence face à ces « Et si … » ?
 
Les Archives municipales sont Implantées entre le Rhône et la Saône, dans le quartier de la presque Île, aux pieds de la gare de Perrache, les risques pouvant impacter le bâtiment et les archives sont nombreux : crue des fleuves, incendie volontaire ou technique, inondation interne, éboulement du bâtiment en cas d’attaque de la gare, explosion d’une zone Seveso … C’est effrayant n’est-ce pas ? 
Et pourtant, la liste est longue et les problèmes qui en découlent tout autant.

C’est pour trouver une solution à ces problèmes que les Archives municipales de Lyon ont mis au point leur PSBC :
le Plan de Sauvegarde des Biens culturels. 

 « Mais qu’est que c’est que ce truc ? »

Pour l’expliquer simplement, c’est un plan d’action permettant de sauver le plus rapidement possible les archives, en un temps record, en cas de sinistre, quelle que soit sa taille et son importance.

 « Très bien, mais ça ressemble à quoi ? »

 Et bien, c’est un document en deux parties :
 
1-
Une première partie, appelée partie opérationnelle, à l’attention des pompiers de la ville de Lyon (le SDMIS)
Ce sont nos premiers interlocuteurs. En cas de sinistre, ce sont les premiers à intervenir sur les lieux. Ils évacuent les personnes, maîtrisent le sinistre et sécurisent le bâtiment . Et ils ont énormément contribué à la rédaction de ce PSBC. 
Lors de leur arrivée sur site, ils prennent connaissance de cette partie opérationnelle qui se compose : 

  • Des plans du bâtiment
  • Des zones de replis internes aux archives dans lesquelles ils pourront évacuer les archives
  • De la liste des archives prioritaires à évacuer
  • Des zones de stockage de matériel à leur attention

Ces documents vont leur faciliter le travail pour intervenir rapidement.
 
2-
Une seconde partie, appelée partie fonctionnelle pour les agents des Archives. 
Une fois que les pompiers sont intervenus et que le bâtiment est sécurisé, c’est à nous d’intervenir.
Nous devons évacuer l’ensemble des fonds d’archives touchés par le sinistre le plus rapidement possible et les traiter.
L’équipe des archives est alors divisée en trois groupes :

  • Un groupe qui travaille dans les magasins pour nettoyer et extraire les archives touchées
  • Un groupe qui réalise le transfert des archives des magasins au lieu d’évacuation
  • Un groupe qui triera et traitera les archives sur le lieu d’évacuation

Nous avons à notre disposition pour nous aider les documents de cette partie fonctionnelle qui comprennent :

  • La procédure pour appeler les pompiers, les volontaires et se diviser en groupes de travail, avec les missions attribuées à chaque groupe.
  • La localisation du matériel nécessaire pour secourir les archives
  • La liste des prestataires externes aux archives à qui nous pouvons demander de l’aide (entreprises de nettoyage, entreprises de désinfection, de congélation, de lyophilisation, restaurateurs, etc…)
  • La liste des documents à sauver magasin par magasin
  • Des fiches réflexes pour nous aider à traiter les documents d’archives endommagés : traiter un document mouillé, moisi, brûlé, comment envoyer les archives en congélation etc…

« Attends … Quoi ? La congélation ? Parce qu’on congèle des documents d’archives maintenant ? C’est nouveau ça ! »

Et oui ! Lorsque trop de documents sont mouillés et qu’il est impossible de gérer la masse en interne, les documents sont envoyés chez un prestataire privé pour être congelés à -40°C. Cette congélation temporaire permet de stopper rapidement les dégradations dues à l’eau et d’éviter l’apparition de moisissures. Car un document mouillé peut moisir en 48h et contaminer tous les autres documents autour.
A la suite de la congélation, ils sont  séchés par un système de lyophilisation (c’est le principe de sublimation pour les scientifiques en herbe). Une fois secs, nous avons alors le temps de les traiter  tranquillement.
 
Il a fallu 4 ans aux Archives municipales de Lyon pour rédiger les 60 pages qui composant ce PSBC.
Avec l’aide de toute l’équipe des Archives, de collègues d’autres services rédigeant eux aussi leur PSBC et des pompiers du SDMIS du 2ème arrondissement, nous arrivons au bout de cette rédaction.

Et pourtant ce n’est pas fini ! Car nous devons encore nous former aux bons gestes à avoir et au fonctionnement de ce PSBC et réaliser un exercice d’entraînement avec les pompiers du 2ème arrondissement. Encore de belles expériences à vivre, qui feront l’objet de nouvelles histoires à vous raconter.

Et vous savez quoi ? Malgré tout ce travail, ce PSBC ne sera jamais terminé, car il continuera d’évoluer. C’est un travail en continu qui nécessitera des mises à jour des documents et des entraînements réguliers pour rester formés.
Voilà, j’espère que cette histoire vous a plu.

« Merciiiiii père Castor des Archives ! »