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Lyon n’est plus
À la suite du renversement de la municipalité jacobine par les Lyonnais le 29 mai 1793, Lyon est assiégée pendant trois mois, du 8 août au 9 octobre 1793. La répression est féroce et la ville est privée de toute liberté et de toute nourriture. Lyon capitule le 9 octobre 1793.
À la fin du siège, Bertrand Barère annonce le 12 octobre à la Convention, que Lyon, « qui fit la guerre à la liberté », sera détruite et renommée par Ville-Affranchie.
Le siège entraîne des destructions massives, les unes causées par les incendies déclarés lors des bombardements, les autres par les démolitions des bâtiments, principalement ceux des personnalités jugées contre-révolutionnaires ou ceux qui ont abrité des suspects.
Le 7 octobre 1794, un décret rend son nom à Lyon.

 

Siège de Lyon, 1793
Béricourt, Étienne, école française du XVIIIe siècle ; Siège de Lyon, 1793 ; Dessin couleur, plume, aquarelle ; Collection Michel Hennin ; Estampes relatives à l'Histoire de France ; Tome 132
Bibliothèque nationale de France, RÉSERVE FOL-QB-201 (132)

 

Bombardement de Lion
Bombardement de Lion par les François Republicains le 7. 8br. A. 1793 ; Joh. Mart. Will exc. (A.V. [i.e. Augusta Vindelicorum]), 1793
Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE FOL-QB-201 (132)

 

Les représentants du peuple
« Lyon n’est plus », décret
Arrêté relatif à l'état de guerre révolutionnaire de Commune-affranchie : Les représentants du peuple, envoyés dans la Commune-affranchie, pour y assurer le bonheur du peuple avec le triomphe de la République ; Affiches administratives, 23 novembre 1793
Archives Municipales de Lyon, 936W/186
« Lyon n’est plus » ; Décret de la Convention nationale, 21 vendémiaire de l’an 2 ; Affiche typographique, 12 octobre 1793
Archives municipales de Lyon, 936W/128
Démolition des façades
Antoine-François Callet, Démolition des façades place Bellecour, encre
Gadagne, musée d'histoire de Lyon, inv. 60A

 

Bombes, observations

"Une tombée le mardi 7 septembre dans la maison Bouillard chez M. Morand
Autre tombée le mercredi 18 à 6 heures dans la maison Coudere chez M. Poivre
Autre tombée au jardin des Célestins dans la nuit du vendredi au samedi 21 : mes portes ouvertes à mon cabinet au 2e étage de la maison Boltioud. Les vitres ont été cassées par un éclat, le seuil de la porte en fer, la pierre du tableau cassés et une traverse au tambour d’entrée.
Le 27 à 8 heures du matin, deux bombes massives ont emporté les tables des boutiques adossées à l’hôtel commun et ont effondrées [sic] les 3 boutiques du milieu, plafond de 6 pouces d’épaisseur."

Observation de Jean-Antoine Morand, architecte, sur les bombes ; Manuscrit, mardi 7 septembre 1793
Archives municipales de Lyon, 14II/5
Carte des environs de Commune-affranchie
Carte des environs de Commune-affranchie, où sont représentés les travaux du siège soutenu par cette ville rebelle pendant les mois d'août et de septembre 1793 ; Gravure à l’eau forte aquarellée ; Gravure : Pierre Genot ; Dessin : Girard-Aubert
Archives municipales de Lyon, 2S/1344

 

Aux malheureuses et innocentes victimes immolées à Lyon après le siège de leur patrie, monument élevé aux Broteaux en 1795 et abattu en 1796 ; Claude Ennemond Balthazar Cochet (Lyon, 1760 - 1835), architecte français ; Papier, 1796-1799 Archives municipales de Lyon, 16FI/172
Aux malheureuses et innocentes victimes immolées à Lyon après le siège de leur patrie, monument élevé aux Broteaux en 1795 et abattu en 1796 ; Claude Ennemond Balthazar Cochet (Lyon, 1760 - 1835), architecte français ; Papier, 1796-1799
Archives municipales de Lyon, 16FI/172

 

Plan des reconstructions et réparations suite au siège de Lyon en 1793 Bernard Gauthiez 2023 (inédit)
Reconstructions et réparations suite au siège de Lyon en 1793

 

Il n’existe pas en archives de plan des dégâts dus aux bombardements de Lyon pendant le siège qui a duré du 8 août au 9 octobre. Cependant, divers documents comme les autorisations de réparation et de reconstruction, les indemnisations et l’étude des immeubles permettent de cartographier ceux qui eurent à être réédifiés. Au total, 350 « maisons » furent détruites et reconstruites (10 % du nombre des immeubles à Lyon), et au minimum 260 endommagées et réparées (8 % du même nombre). Quelques-unes, autour de la place Bellecour, ont été démolies pour punir la ville.
Les lieux les plus affectés par les bombardements, principalement effectués à partir de la rive gauche du Rhône, furent les alentours de l’hôtel-de-ville, la façade le long du quai du Rhône, et le quartier de l’Arsenal au sud-est, à la suite de son explosion. Les bombardements ont aussi touché au hasard de nombreux immeubles épars dans la ville, pour terroriser ses habitants.
La reconstruction transforma le paysage des rues, du fait de la suppression des décors des façades, la suppression systématique des croisillons, la généralisation du verre aux fenêtres (garnies auparavant surtout de papier huilé) et la mise en place de garde-corps en fonte moulée.

 

Plan des reconstructions et réparations suite au siège de Lyon en 1793
Bernard Gauthiez 2023 (inédit)
La Rébellion lyonnaise
La Rébellion lyonnaise

 

Le Peuple français, assimilé à Hercule appuyé sur sa massue, presse contre lui la Liberté qui le couvre de son manteau. Couronné par la Victoire et tandis que la Renommée publie ses triomphes, il foule aux pieds le Fédéralisme abattu dont le poignard rompu et la couronne brisée sont bien visibles dans l’esquisse. À côté, gît le Fanatisme religieux aux yeux bandés. Au pied d’une « Sainte Montagne », claire allusion politique qui rappelle aussi la montagne formée des décombres du siège que Hennequin avait fait édifier pour la fête de l’Égalité (10 mars 1794), trône la déesse Raison dont le voile emprunté à l’Isis de l’iconographie maçonnique est soulevé par le génie de la Philosophie. Habillés de la toge et placés sous le chêne dont on fait la couronne civique, les sauveurs de la Patrie lui servent d’assemblée.
La Justice Nationale volant dans les airs brandit un tison ardent dans la direction de la cité rebelle qui s’étend en bord de Saône, paysage d’allure italienne que la colline et la chapelle de Fourvière permettent cependant d’identifier sans peine. Une brusque éclaircie découvre de grandes carcasses d’édifices comme arc-boutées par les conduits de cheminées.
La municipalité jacobine approuva la commande du tableau qui devait mesurer 6,50 m de largeur sur 4,50 m de hauteur. Le départ de Hennequin pour Paris et le changement de municipalité empêchèrent l’achèvement du tableau monumental.

Philippe-Auguste Hennequin ; Lyon, 1762 – Leuze (Belgique), 1833 ; La Rébellion lyonnaise, esquisse, 1794, huile sur bois ; Achat avec le concours de l'État et de la Région Rhône-Alpes dans le cadre du Fonds régional d'acquisition des musées (FRAM), 2014
Musée des Beaux-Arts de Lyon, inv. 2014.2.1