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DIVAGATIONS Ramener le Rhône dans son lit
Plusieurs documents, écrits ou imprimés, conservés dans les services d’archives, témoignent de l’existence d’un bras du Rhône, sur sa rive gauche, au 16e siècle. Ce bras se détache du cours principal du fleuve au nord de la place Lyautey, puis se dirige vers l’actuelle place de l’Europe et les Halles de Lyon, pour ensuite infléchir son lit au long de la rue Moncey, dont il a déterminé l’emplacement. Il rejoignait le bras principal du fleuve à l’ouest de l’actuelle place Gabriel- Péri.
Ce sont les digues construites en 1659-1662, notamment par Rodolphe Chambon, totalisant une longueur de plus de 1500 m et nécessitant près de 15 000 arbres, malgré les grandes inondations (1659, 1662) qui endommageaient les travaux au fur et à mesure de leur réalisation, qui fermèrent le bras du Rhône en rive gauche. La fermeture resta fragile jusqu’au milieu du 18e siècle. Le Rhône menaça à plusieurs reprises de contourner les digues par l’est, lors des grandes crues de 1711 et 1725 en particulier. De nouveaux travaux ont été pour cela entrepris en 1719-21, en association avec des réparations au pont.
Enfin l’ingénieur Lallié conduisit en 1742 des travaux qui stabilisèrent définitivement la rive. Ce qui permit la mise en place d’un bac à traille au profit de l’Hôtel-Dieu face au collège (actuel lycée Ampère).
Carte du cours du Rhône depuis la Tour de Bechevelin
Carte du cours du Rhône depuis la Tour de Bechevelin jusqu'au dessus du territoire de Villeurbanne, début du 18e montrant les digues 17e siècle
Archives départementales du Rhône et de la Métropole, 1C162

Le cours du Rhône commença à être cartographié avec précision à partir du début du 18e siècle, en vue de stabiliser ses rives, d’où le renforcement et la construction de nouvelles digues. En conséquence, la réduction du risque rendait de nouvelles terres utilisables, d’où ce plan, qui enregistre l’octroi à l’hôtel-Dieu de terrains ainsi gagnés.

Plan du cours du Rhône au-dessus de la ville de Lyon et terrains adjacents : donation des atterrissements se créant sur le Rhône à l’Hôtel Dieu échelle : 300 toises (pied de Roy) Plan manuscrit, encre et aquarelle, 1760-61 Archives municipales de Lyon, HD/B/797

"Le présent plan du cours du Rhône au-dessus de la ville de Lyon et terrains adjacents, certifié par nous ingénieur en chef au département de Lyon, conforme à l’original qui a été envoyé au Bureau des chaussées au mois de mai 1756, relativement au projet des ouvrages à faire pour la défense du territoire de la Tête d’Or et du faubourg de la Mulatière, desquels ouvrages adjudication a été passée par-devant M. L’intendant de Lyon le 4 novembre 1757, confirmée le 14 du mois par arrêt du Conseil portant entre autres dispositions cession et don en faveur de l’hôpital général de notre-dame de Pitié et Grand Hôtel-dieu de tous les atterrissements qui pourraient se former dans le cours actuel du Rhône et occuper son emplacement au-dessous et en aval de ces ouvrages, dont la conduite nous a été attribuée par le même arrêt."
 

A Lyon le 31 mai 1760, Deville (André-Nicolas)

Plan du cours du Rhône au-dessus de la ville de Lyon et terrains adjacents : donation des atterrissements se créant sur le Rhône à l’Hôtel Dieu ; Echelle : 300 toises (pied de Roy) ; Plan manuscrit, encre et aquarelle, 1760-61
Archives municipales de Lyon, HD/B/797
Observation de M. Bouchet sur l’état actuel de la digue construite contre le Rhône à la Tête d’Or et les travaux nécessaires pour empêcher le Rhône de se frayer une nouvelle route à travers les plaines de Vaux et Villeurbanne  Mémoire manuscrit, septembre 1765 Archives municipales de Lyon, HD/B/224
“[…] En considérant la digue en son état actuel l’on reconnait trois choses essentielles qui n’ont pu s’éviter lors de sa construction et que dans le moment présent pourront tourner à son désavantage, si l’on négligeait d’y apporter les plus prompts secours.
La première c’est l’exposition aux intempéries de l’air des chapeaux, des entretoises et des parties des pieux qui forment, si l’on ose dire, le moule de l’ouvrage, surtout du côté aval où la superficie des eaux est plus basse de cinq pieds que du côté amont. Ces bois ainsi découverts ne peuvent exister bien longtemps sans tomber en pourriture. Pour lors les moellons du corps de la digue et les pavés du glacis s’écrouleront de tous côtés et seront emportés par la rapidité des eaux.
La deuxième chose, c’est que le couronnement de la digue était fixé de manière que les grandes eaux dans une partie, et les moyennes dans l’autre passent par-dessus en très grande quantité, il en résulte une chute ou cataracte, de dix ou douze pieds et plus qui forme des affaissements si considérables du côté de l’aval, qu’il est possible que des pieux et palplanches de la digue soient renversés ce qui ne pourrait arriver sans causer beaucoup de dommages.
La troisième chose enfin, ce sont les filtrations [sic] des eaux entre les pierres du corps de la digue qui se sont faites ou qui se font en telle quantité (par ce que les susdites pierres n’ont pu être mises en joint lors de leur emploi) qu’elles entrainent les sables qui servent de base au corps de la digue, ce qui ne peut s’opérer qu’au détriment de la digue elle-même, en formant des affaissements dans son massif et dans son glacis.”

 

Observation de M. Bouchet sur l’état actuel de la digue construite contre le Rhône à la Tête d’Or et les travaux nécessaires pour empêcher le Rhône de se frayer une nouvelle route à travers les plaines de Vaux et Villeurbanne ; Mémoire manuscrit, septembre 1765
Archives municipales de Lyon, HD/B/224