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Plan du quartier des Etats-Unis

938WP37 - 1929

Détail du plan du quartier des Etats-Unis - 938wp37

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Ce plan d’ensemble représente le projet imaginé par l’architecte Tony Garnier pour le quartier des États-Unis (8e arrondissement). Signé par l’architecte, il est daté du 19 janvier 1929. 

Le quartier s’organise de manière symétrique selon un axe nord/sud autour du boulevard des États-Unis. Tout autour de cette voie majeure se succèdent les immeubles, des équipements économiques (coopératives), éducatifs (école), culturels (bibliothèque), sociaux (restaurant coopératif, garderie) et de loisirs (terrains de jeu, gymnase). Le tout est inscrit dans un maillage formé d’îlots rectangulaires. La place centrale délimite un autre axe est/ouest. Â l’est s’étalent les immeubles d’habitations ainsi qu’une coopérative, alors que l’ouest est consacré aux équipements éducatifs et de loisirs.

La légende, notée en haut à droite, nous apprend que l’ensemble comprend un total de 3 132 logements constituant 5 796 chambres et 11 192 lits complétés par 126 magasins. Tony Garnier organise son projet comme une petite ville autonome avec ses commerces, son école, ses terrains de boules et de jeux tout en la reliant au reste de la ville. La périphérie est ainsi intégrée au centre urbain.

L’ensemble homogène et clair fait référence aux pratiques urbaines du XIXe siècle et aux théories hygiénistes (aération, apport de lumière, voies de circulations), mais Tony Garnier anticipe aussi l’urbanisme du mouvement moderne. Il affirme une vraie volonté d’offrir un confort de vie tant du point de vue du logement que de l’environnement social et culturel, grâce à une série d’équipements (bibliothèques, terrains de jeu, école). La circulation est hiérarchisée. Le boulevard central relie le quartier au reste de la ville et aux modes de transports. Les allées plus étroites, perpendiculaires et parallèles, assurent la desserte des immeubles. En France, la cour des immeubles s’ouvre en réponse aux prescriptions d’ensoleillement et de ventilation des hygiénistes. Cela aboutit, comme ici, à la réalisation de la cour-rue. L’espace jardin est privilégié pour assurer un meilleur ensoleillement. Néanmoins, le bâti conserve une composition assez traditionnelle avec une structure symétrique, un système d’étages et une forte verticalité. Tony Garnier propose un urbanisme de transition entre les formes post-haussmanniennes remises en cause par les cours ouvertes et les nouvelles cités-barres allemandes.

Au début du XXe siècle, Lyon suit le mouvement de l’essor industriel. Le nombre de ses habitants augmente et la ville doit se développer rapidement. Entre 1875 et 1914, la population urbaine passe en France de 12 à 18 millions, alors que la population totale reste stable. En milieu urbain, le surpeuplement devient la règle. La tuberculose, la maladie du manque d’air et de lumière, fait à elle seule près de 100 000 morts par an. Se pose alors la question des logements sociaux. En 1889 se tient le Congrès international de l’habitation ouvrière, organisé dans le cadre de l’exposition universelle de Paris. Â sa suite, des lois incitatives sont votées pour favoriser la construction des Habitations Bon Marché (HBM).

La loi Loucheur, votée en 1928, programme ainsi la construction de 260 000 logements à bon marché et consacre l’intervention de l’État en matière de logement. Le Maire de Lyon Edouard Herriot et Tony Garnier sont tous deux sensibles aux questions d’urbanisme moderne et d’hygiénisme social. S’engage ainsi une politique de construction de cités HBM avec la création en 1911 de la Société Economique et Démocratique des Habitations Hygiéniques à Bon Marché. La Ville lance la construction des cités de Gerland, de Ravat puis celle des Etats-Unis (plus grande cité HBM de la ville).

Le projet d’abord appelé « Centre industriel entre la Guillotière et Vénissieux » connaît plusieurs phases. Trois maisons-types (soit 34 logements) sont d’abord édifiées entre 1921 et 1924. Â cause de problèmes de financements, il faut attendre les crédits accordés par les Offices d’HBM pour que le projet continue. Toutefois, celui-ci connaît des révisions par rapport au programme initial : son plan masse et la densité du quartier sont redéfinis. Les habitations que Tony Garnier voulait relativement basses, pour bénéficier d’un ensoleillement maximal, sont augmentées de deux niveaux, les décors des bâtiments sont simplifiés et certains équipements communs ne seront jamais construits. Conséquences de la réalité économique : la trame se resserre et le quartier se densifie.

Carte repères du plan du quartier des Etats-Unis

 


DOCUMENT COMPLÉMENTAIRE : plan d’ensemble de la cité-jardin de Lyon-La Mouche par les architectes Robert et Chollat 

Construite entre 1924 et 1931 par les architectes Robert et Chollat, cette cité ouvrière, dite cité-jardin, est construite dans le nouveau quartier de Gerland où vient d’être édifié le complexe sportif de Tony Garnier. C’est la seule cité lyonnaise à s’inspirer des cités-jardins à l’anglaise développées par Howard. On distingue nettement la part laissée aux espaces verts. Pour en faciliter l’accès, une nouvelle rue est projetée et les ilôts d’immeubles sont desservis par des chemins suivant un plan quadrillé. Ce sont 26 bâtiments de quatre étages (pour un total de 550 logements) qui entourent les jardins. Les appartements sont organisés autour d’une salle commune avec cuisine, véritable espace de vie pour la famille.

Plan d’ensemble de la cité-jardin de Lyon-La Mouche par les architectes Robert et Chollat, 1923 - 1S/260 
Plan d’ensemble de la cité-jardin de Lyon-La Mouche par les architectes Robert et Chollat, 1923 - 1S/260