Le Matrimoine aux Archives de Lyon

En 2018, le ministère de la Culture lance une « Grande Collecte » des archives relatives à l’histoire des femmes. Le but est simple : récupérer le plus grand nombre de documents concernant leurs engagements politiques, syndicaux, associatifs, leur militantisme ou tout simplement leur vie personnelle. Dès lors, des particuliers se rendent dans des centres d’archives un peu partout en France pour venir déposer des documents de toute nature. Les enjeux de la collecte pour les archives concernant les femmes sont nombreux autant scientifiques, patrimoniaux que démocratiques. Le pays possède déjà de nombreux endroits où des archives de cette sorte peuvent être collectées : c’est le cas de la Bibliothèque Marguerite Durand à Paris, du Centre des Archives du féminisme à Angers, ou encore du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir qui recense et conserve les documents audiovisuels à la mémoire des mouvements des femmes. Quant aux services d’archives institutionnelles, il leur a fallu plus de temps pour s’intéresser à l’histoire des femmes au sens large. Il y a désormais une réelle volonté de mettre sur le devant de la scène les femmes et leurs archives dans toute leur diversité, car « la marginalisation des femmes dans l’histoire participe à la marginalisation des femmes dans le présent ». C’est donc un enjeu de société majeur dont les archives publiques se sont désormais emparées. 

Devant ce nouveau défi, la ville de Lyon ne reste pas silencieuse et sensibilise le grand public sur la question des archives des femmes depuis plusieurs années. En 2023, c’est le sujet du matrimoine qui est mis à l’honneur dans les différentes institutions de conservation, comme au musée d’Histoire - Gadagne. En effet, le musée s’associe, de la même manière que les Archives municipales de Lyon, aux étudiant.e.s du master MATILDA dans le but de valoriser les femmes qui ont joué un rôle important au sein de la ville, au même titre que leurs homologues masculins. Le master de recherche « MATILDA – histoire européenne des femmes et du genre (XVIII- XXIe siècle) » interroge le rôle du genre dans la fabrication des sociétés européennes, à travers des thèmes variés. C’est dans cette optique de mise en avant du matrimoine que les Archives municipales de Lyon présentent ce guide de lecture des archives des femmes, qui ne se concentre pas essentiellement sur les actrices lyonnaises de renom, mais qui englobe l’histoire des femmes de manière plus large.  

La première étape de ce guide consiste dans le recensement des archives des femmes au sein des archives privées conservées aux Archives municipales de Lyon. En effet, les femmes sont omniprésentes dans les archives, encore faut-il regarder les fonds avec la bonne focale. Des catégories ont été dégagées et certains fonds peuvent appartenir à plusieurs d’entre elles. Ces catégories ne sont pas figées et sont amenées à évoluer en fonction des questionnements, des avancées de la recherche et des découvertes.

Les fonds des Archives municipales de Lyon sont vastes, tout comme le sujet des archives des femmes : il a donc été nécessaire, dans un premier temps, d’opérer des choix de recherche. Se concentrer sur les archives privées est le point de départ le plus aisé à la conception de ce guide. En effet, ce sont les petits et les grands fonds privés donnés par des particulier.e.s, des associations ou des entreprises qui ont été analysés pour en ressortir un guide des sources, qui sera amené à être complété au fur et à mesure du temps.
 
Dans les faits, les femmes sont partout, au détour d’une correspondance, dans des registres de comptabilité, sur des photographies ou des dessins. Elles sont à la fois très présentes, mais peu mises en avant. Certaines ont plus de visibilité que d’autres au sein des archives car elles possèdent leur propre fonds, qui est davantage fourni et, de ce fait, bien mieux détaillé sur le site des Archives municipales de Lyon. Ce sont bien souvent des femmes ayant un rapport avec l’éducation, la politique ou bien des militantes lyonnaises célèbres. Cependant, il ne faut pas oublier toutes celles que l’on peut déceler au sein de fonds familiaux : une tante, une sœur ou une mère dont le journal a été conservé, mais dont la cote se perd parmi l’ensemble des documents. Les archives familiales regorgent de présence féminine, mais elles sont bien souvent invisibles dans la masse des documents, avec des instruments de recherche qui mériteraient d’être étoffés et relus au prisme des questions de genre.