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Plan de la Rue Impériale

1541WP/30 - 1853

Détail du plan de la rue Impériale - 1541wp/30

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Ce plan est tiré de l’atlas « Plan de la ville de Lyon » dressé par Dardel en 1853 d’après les ordres de Claude Marius Vaïsse, préfet de Lyon entre 1853 et 1864.
René Dardel est, avec Gustave Bonnet, l’un des principaux collaborateurs du préfet Vaïsse. Le document présenté ici se focalise sur le projet d’ouverture de la rue Impériale entre la place Bellecour et la place des Terreaux. La légende est très précise. 

Projet de la rue à ouvrir entre les places de la Comédie et Bellecour, future rue Impériale : plan manuscrit par René Dardel (1853, cote : 1541wp/30)
Projet de la rue à ouvrir entre les places de la Comédie et Bellecour, future rue Impériale : plan manuscrit par René Dardel (1853, cote : 1541wp/30)

La zone des travaux est délimitée par des pointillés rouges. Les parties à acquérir ou à détruire pour dresser le nouveau plan d’aménagement sont colorées en jaune. La future organisation du quartier s’articule autour de larges voies orthonormées, avec en son centre la rue Impériale (actuelle rue de la République). Tout autour, les rues se croisent et forment un dessin en damier. Ce réseau facilite l’accès aux bâtiments tels que l’Hôtel-Dieu, les églises, l’Hôtel de Ville ou le lycée impérial. Le tracé rectiligne crée la monumentalité, renforcée par les places publiques et la construction du Palais du Commerce place des Cordeliers. 


L’objectif de ces grands travaux est multiple : faciliter la circulation, embellir la cité mais aussi mieux contrôler militairement le centre de la ville. Lyon reste, dans les esprits, une ville séditieuse après les révoltes des canuts en 1831 et 1834. Ces derniers ont en effet profité des méandres de l’ancien habitat et de ses traboules pour faire face aux troupes. Avec ces nouveaux alignements larges et rectilignes, il est beaucoup plus facile de mater les potentielles révoltes, de surveiller les foules et de faire manoeuvrer la cavalerie.

L’immensité du chantier a nécessité des destructions et des expropriations, chassant près de 12 000 habitants du centre. Le quartier alors populaire est totalement transformé au profit de la bourgeoisie locale. Une activité commerçante et bancaire s’y implante. Sous couvert d’arguments esthétiques, c’est un bouleversement du tissu social qui s’amorce. Alors que les plus riches réinvestissent le centre, les classes populaires sont envoyées en périphérie. Le projet accentue l’axe nord-sud déjà marqué par les travaux de Soufflot à Saint-Clair et de Perrache, confinant le cœur de ville dans sa presqu’île historique. 
 

Au début des années 1850, la partie centrale de la ville, entre Bellecour et les Terreaux, est encore constituée de hautes maisons et de ruelles étroites et sinueuses. Les bâtiments, souvent vétustes, manquent de luminosité, les rues sont chargées de saletés et il est difficile de circuler.

En 1853, Napoléon III nomme par décret impérial Claude-Marius Vaïsse (1799-1864) préfet du département du Rhône et administrateur de Lyon. C’est lui qui lance les grands travaux d’aménagement de la ville qui lui valent le surnom de « Haussmann lyonnais ». Vaïsse souhaite faire de Lyon une grande cité, capitale du sud-est de la France. Au-delà du quartier de la rue Impériale, il fait percer la rue Victor Hugo et lance la création du parc de la Tête d’Or. La percée de la rue Impériale nécessite plus de cinq ans de travaux. Pour financer cet ambitieux projet, la Société de la rue Impériale est créée. Les Lyonnais achètent les 14 000 actions en 48 heures. La future rue doit être majestueuse : 1 100 mètres de long sur 60 de large. Les immeubles doivent respecter un cahier des charges très précis comme, par exemple, une certaine hauteur de façades.

Carte repères du plan de la rue Impériale

DOCUMENT COMPLÉMENTAIRE : paroles de la chanson « La rue impériale ou les lamentations de la veuve Claquenboule », chansonnette comique de A. Lamy et C. Pourny 

Cette chanson populaire évoque les soucis de la veuve Claquenboule devant les travaux entrepris par Vaïsse. Alors qu’elle vivait des jours tranquilles dans sa maison, elle se retrouve à devoir déménager. Aussi se plaint-elle de son sort et de ses douleurs. Voici le refrain :  


C’est une infamie, une tyrannie,
Oh Sainte Marie,
Voyez mes douleurs
Soyez-moi propice
Faites qu’on abolisse et qu’on démolisse
Ces démolisseurs sans cœur

 

 Paroles de la chanson « La rue impériale ou les lamentations de la veuve Claquenboule », chansonnette comique de A. Lamy et C. Pourny - 1C/704_565
Paroles de la chanson « La rue impériale ou les lamentations de la veuve Claquenboule », chansonnette comique de A. Lamy et C. Pourny - 1C/704_565