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L'architecte

Affiche de l'exposition "François-Régis Cottin, architecte et historien"

Né le 27 mars 1920 à Lyon, François-Régis Cottin fait ses études aux Chartreux avant d’entrer en 1937 dans la classe préparatoire de l’Ecole régionale d’Architecture. Il est reçu premier deux ans plus tard et s’inscrit à l’Atelier Tony Garnier, dirigé alors par Pierre Bourdeix.
De tous ses professeurs, c’est Emmanuel Cateland qui exercera la plus forte ascendance sur le jeune élève. Il faut dire que ce maître s’était singulièrement distingué au début du siècle par la construction du premier gratte-ciel lyonnais en 1911. Cottin retiendra de cette leçon d’ordre que la première ambition de l’architecte est de construire.
Si l’influence de Le Corbusier sur cette génération d’architectes n’est plus à démontrer, Cottin, qui découvre ses écrits à 17 ans, ne s’en fit pas l’esclave, soucieux de s’émanciper de toute influence trop exclusive pour rechercher la voie la plus exigeante d’une oeuvre propre.
Le jeune élève achève ses études en 1946 et présente son diplôme trois ans plus tard : Prieuré pour les missionnaires des campagnes en Dombes, projet dans lequel il s’intéresse au moyen de conjuguer le béton armé et le pisé.
Après quelques années d’incertitudes, Cottin est associé à l’expérience de Bron Parilly (1951-1960) aux côtés de René Gagès, de Franck Grimal et de Pierre Tourret sous la direction de Pierre Bourdeix.
Cette opération, modèle du Ministère de la reconstruction et de l’urbanisme, marque l’ouverture de la Ville à la pensée corbuséenne et pose les fondements de l’architecture française d’après-guerre. Les courbes sinueuses du plan-masse, l’importance dévolue aux circulations, le soin apporté à la préfabrication comme à l’insertion des immeubles dans leur environnement, tout concourt à faire des unités de voisinage de Bron-Parilly un projet manifeste en écho à la cité radieuse de Marseille.
A Bron-Parilly, Cottin se consacre en particulier à la mise en oeuvre de nouvelles techniques constructives.

Pour cette génération d’architectes la question du logement demeure au coeur de toutes les préoccupations : standardisation et industrialisation sont les maîtres-mots des grands chantiers de l’après-guerre auxquels Cottin prendra une part majeure à l’échelle de la région lyonnaise : l’unité de voisinage de la Duchère est dans les cartons (voir page 6).
A la même époque l’architecte lyonnais signe un autre manifeste moderniste, un immeuble de logements sur la colline de Fourvière, Les cèdres (1962).
Les innovations introduites dans cette dernière réalisation donnent la mesure des progrès contemporains en matière de confort dans l’habitat : appartements traversants, chauffage au sol, parois coulissantes, loggias encastrées dans des façades métalliques ; pas une poignée de porte n’échappe au crayon de son constructeur.

Cette attention au logement se traduira également en matière de construction individuelle, expérimentant notamment au milieu des années 60 des prototypes d’habitat mobile.
Loin des circonvolutions corbuséennes dont les architectes contemporains font leurs délices, Cottin affirme sa préférence pour une division géométrique de l’espace au moyen d’une succession de voile de béton.
Le long voyage en Amérique du Nord qu’il réalise en 1966 le confirmera dans ses intuitions : Johnson, Wright, les figures de l’école de Chicago devaient lui faire grande impression.
Alors même que les tours de verre s’élèvent dans le ciel de Paris au début des années 1970, Cottin restera fidèle à son matériau de prédilection, le béton, dans lequel il modèlera la personnalité expressive de la tour panoramique de la Duchère.

Outre le logement, s’il est un domaine dans lequel Cottin s’est particulièrement distingué c’est l’architecture religieuse et son oeuvre en ce domaine fut des plus fécondes. Un environnement familial catholique, de nombreuses relations dans le clergé lyonnais devaient l’amener à s’intéresser aux profondes mutations de l’art sacré contemporain.

Ce dernier chef d’oeuvre avait été précédé de plusieurs réalisations marquantes en ce domaine, qu’il s’agisse de la chapelle de la Giraudière à Brussieu (Rhône) construite en 1951, de celle des Clarisses à Tassin la demi-lune (Rhône, détruite en
1960) dont les tables soigneusement banchées semblent se faire l’écho des soubassements de Soufflot à l’Hôtel-Dieu de Lyon, ou encore de la chapelle Saint-Hugon dans la forêt de Bonnevaux à Chatonnay (Isère 1960) qui avec sa coque de béton armé, figure parmi les plus beaux morceaux composés par l’architecte.

Durant près de 30 années, Cottin déploie une activité débordante, dirigeant une agence qui a compté jusqu’à 18 collaborateurs tout en assurant à partir de 1951 la direction conjointe, avec Gagès, de l’Atelier Libre avant de devenir professeur de construction à l’école régionale d’architecture. Enseignement et pratique demeurent intimement liés dans l’esprit des deux maîtres de l’architecture contemporaine lyonnaise. Mais doté d’un caractère peu disposé au compromis, François-Régis Cottin réduit, au début des années 70, son agence et exerce seul à son domicile avant de partager un atelier avec son frère dans l’immeuble « Les Cèdres » conçu quelques années plus tôt.
En 1992, l’architecte met un terme à son activité professionnelle.