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Adolphe Favre, employé municipal, mort pour la France

Dessin de guignol en poilu

Avec le début du conflit en août 1914, la municipalité lyonnaise voit partir au front un certain nombre de ses employés.
Aucun chiffre global des agents municipaux partis au front ne peut être donné : le dépouillement des cartons d’archives issus du service du personnel de la période 1914-1918 s’est révélé infructueux.
Ils ne comportent que des listes ou des relevés pour certains services, établis à une date donnée et non sur l’ensemble de la période.

Il convient aussi de relever que tous les hommes ne partiront pas.
Le 1er août 1914, le Conseil municipal refuse de désigner un adjoint chargé de remplacer E. Herriot si ce dernier était appelé sous les drapeaux et adresse au gouvernement cette demande.
Il en est de même pour Joseph Serlin, secrétaire général de la mairie.

 

Une municipalité en soutien de ses agents

Dès le 10 août 1914, c’est par une délibération du Conseil municipal que la Ville de Lyon s’assure que les salaires de ses agents partis au front seront versés à leurs épouses ou à leurs parents.

Le 30 novembre de la même année, face aux nouvelles des nombreux décès des agents, le Conseil municipal prend une autre décision en attribuant la moitié du salaire des employés tués à leurs veuves ou à leurs parents dans le cas où les agents étaient leur unique soutien.

Le 15 novembre 1918, les employés réunis dans l’association professionnelle des fonctionnaires municipaux demandent solennellement au Maire de faire apposer dans un lieu de la mairie des plaques de marbres sur lesquelles seront apposés les noms des agents tués durant le conflit.

Edouard Herriot accepte le 29 novembre.

Dès lors, un vaste recensement se met en place et chaque service fournit les noms de ses disparus.

Ce sont au final 147 noms qui sont apposés sur les plaques installées dans la salle des pas perdus de l’Hôtel de Ville le 5 mars 1922.

63 d’entre eux sont des agents travaillant pour le service de la voirie. Suivent ensuite le service des cultures (actuel service des espaces verts) et la mairie centrale avec 8 employés.

La guerre fauche à tous les niveaux de la hiérarchie municipale : si la plupart des agents de la Ville de Lyon morts pour la France sont principalement des cantonniers, Charles Lesieur, directeur du bureau d’hygiène ou encore Adolphe Favre, chef de bureau à la mairie centrale, sont aussi tués sur le front.

Liste des employés de la Ville de Lyon morts pour la France durant la 1ère Guerre mondiale, s.d. - 517WP/11
Liste des employés de la Ville de Lyon morts pour la France durant la 1ère Guerre mondiale, s.d. - 517WP/11


Qui était Adolphe Favre ?

Bien connu des Lyonnais, le nom d’Adolphe Favre évoque celui d’un internat situé sur le plateau de la Croix-Rousse qui vient de fermer ses portes.
On s’imagine dès lors spontanément que cet établissement tient son nom du bienveillant donateur du terrain sur lequel il se trouve ou du nom d’un ancien directeur. Il n’en est rien.

Adolphe François Favre est né le 1er septembre 1870 à Vouvray dans l’Ain.
Après des études à l’école primaire de son lieu de naissance, il poursuit sa scolarité à l’école secondaire de Meximieux et obtient son baccalauréat ès lettres.

Après un concours, il est recruté à la Ville de Lyon le 1er novembre 1893 comme commis expéditionnaire. Il gravit rapidement les échelons et devient chef de bureau, à savoir responsable de service, en 1904.

Il se marie avec Antoinette Corbier à Lyon 3ème arrondissement le 25 février 1897. Ils auront ensemble 2 enfants.

Appelé au front en qualité de Capitaine commandant la 11ème Compagnie du 122ème régiment territorial d’infanterie, il décède des suites de ses blessures dans la forêt de Hesse à Réssicourt (Meuse) le 20 mars 1916. Son épouse est avertie de son décès 10 avril.

Transcription de l'acte de décès d'Adolphe Favre (2E2480)   

Dès le 21 avril, Edouard Herriot écrit à l’administration militaire pour demander qu’un hommage soit rendu à Adolphe Favre qu’il tenait « … en haute estime »

 

Courrier D'E. Herriot à l'administration militaire au sujet d'une citation pour Adolphe Favre, 21 avril 1916 - 524W/391
Courrier D'E. Herriot à l'administration militaire au sujet d'une citation pour Adolphe Favre, 21 avril 1916 - 524W/391

 

Le maire de Lyon ne s’arrête pas à cette demande, il écrit à la veuve d’Adolphe Favre pour lui demander l’autorisation de donner le nom de son mari à une rue de Lyon ou à l’orphelinat municipal à la création duquel il avait participé.

Le 22 juillet, elle accepte la proposition d’E. Herriot de donner le nom d’Adolphe Favre à l’orphelinat de garçons.

 

Courrier d'Antoinette Favre acceptant la proposition d'E. Herriot de dénommer l'orphelinat municipal du nom de son mari, 22 juillet 1916 - 524W/391
Courrier d'Antoinette Favre acceptant la proposition d'E. Herriot de dénommer l'orphelinat municipal du nom de son mari, 22 juillet 1916 - 524W/391


Le 2 juillet 1917, Edouard Herriot prend un arrêté municipal qui décide :

« … que pour honorer de la mémoire de ce chef de service mort pour la France, le mieux est de donner son nom à cet orphelinat… ». 

 


Suite à la fermeture de l’internat, les Archives municipales de Lyon ont collecté les archives de cette institution.

Elles contiennent de nombreuses informations sur le fonctionnement de l’internat, ainsi que des dossiers des enfants qui peuvent être consultés dans le respect des délais de communicabilité des archives publiques.
>> En savoir +

Les Archives de Lyon ont mis en ligne « L'Echo des travailleurs municipaux » le plus ancien journal syndical du personnel de la Ville de Lyon, fondé par la CGT pour la période 1914-1918.

La Une des numéros est consacrée à la liste des employés municipaux syndiqués de la Ville de Lyon tués ou blessés au combat.
>> Voir 

 

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