Aller au contenu principal

Les répercussions de la mobilisation

Dessin de guignol en poilu

Suite à la mobilisation, le paysage de la ville change.

Les usines et commerces voient partir leur main d’œuvre ; les moyens de transports sont réquisitionnés par l’armée. La population craint des pénuries alimentaires et de charbon. Les familles commencent à constituer des réserves et certains commerçants profitent de l’occasion pour augmenter de façon démesurée les prix, malgré les appels au patriotisme du maire Edouard Herriot, et de la fédération de l’alimentation lyonnaise, dès le 9 août 1914.

La municipalité s’organise d’ailleurs pour pallier ces pénuries, en établissant des soupes populaires pour les plus pauvres dès le 2 août, ou en interdisant toute sortie de denrées alimentaires de la ville, dès le 24 août.

 

Des témoignages à découvrir

 

 

(Dimanche 2 août 1914)

Les répercussions de la mobilisation commencent à se faire sentir. L’épicerie Allizond est fermée quand je descends chercher le lait du déjeuner. Elle n’ouvrira qu’un instant au retour du marché. Le patron et tous ses garçons, sauf un seul, sont partis ou vont partir pour l’armée.

Au dépôt du « bon lait » cours Vitton, on n’a reçu le lait qu’en grands bidons et non en flacons cachetés – faute de personnel. La gérante ne sait si le service pourra continuer, car les chevaux et voitures qui l’assurent vont être réquisitionnés.

Le sucre a augmenté de 0.15 par kilog. Les pommes de terre sont introuvables et certains marchands en demandent des prix fantastiques : 20 et 25 sous le kilog. Aussi 2 boutiques : l’une à Villeurbanne, l’autre cours Gambetta, sont pillées par la foule exaspérée.

Journal de Madame Mariotte, 9 août 1914 - 191ii/14/10
Journal de Madame Mariotte, 9 août 1914 - 191ii/14/10


(Dimanche 9 août 1914)

Jamais les montagnes n’ont été aussi belles et mon Mic ne voit rien de cela. J’ai écrit à mon Kim, je ne le fais jamais sans pleurer. J’attends avec impatience le facteur, je vais recevoir une lettre, je le sens. Catherine est au village faire qques provisions. Nous avons pu trouver 200f d’or, c’est notre provision de vacances, nous allons mettre 60f de côté pour le voyage et nous avons assez de 140f pour vivre 2 mois.

11h le facteur arrive, une lettre de mon Kim partie du 2, je suis heureuse, maintenant que le mouvement est déclenché, j’en recevrai souvent. On sent mon Kim triste, il ne veut pas s’attendrir il est bref mais je le sens inquiet sur nous. Nous avons bu une toute petite goutte de chartreuse et de flanck ( ?) en l’honneur de la lettre. Ai lu au village la dépêche officielle, une bataille à Altkirsch victoire pour les Français. On parle peu chacun vient lire les nouvelles, comme elles sont rassurantes on part content, malheureusement on cache les mauvaises et il faut compter avec.

Pourquoi faut-il vivre si loin, on devrait permettre aux femmes de suivre leurs maris quelle vie menons-nous ? constamment en soucis, je ne peux rien faire, je reconnais que c’est idiot, mais je ne peux m’occuper.

Journal de Barthélémy Mermet, 3 août 1914 - 253ii/1/13
Journal de Barthélémy Mermet, 3 août 1914 - 253ii/1/13

 

(Lundi 3 août 1914)

Aujourd’hui commencent les réquisitions de chevaux, voitures et autos. Animaux et véhicules sont amenés et inspectés en des points déterminés et retenus s’il y a lieu, par l’autorité militaire. Il en défile notamment des quantités sur le champ de manœuvres qui entoure le fort Montluc, à proximité duquel passe le tram de Monplaisir. On en voit sortir, conduits par des soldats, des autos, des charrettes et de longues files de vigoureux percherons aux croupes luisantes, qui seront affectés, je pense, à l’artillerie ou au train des équipages, car ils sont certainement trop lourds pour la Cavalerie, surtout légère.

Aujourd’hui également commencement de la distribution des soupes populaires dans chaque arrondissement. Il doit y avoir là des notes intéressantes à prendre. J’irai y voir un de ces jours.

Enfin des affiches prescrivent que les étrangers doivent faire leur déclaration au commissariat de police. Nous y passons, Maria et moi, une partie de la journée pour déclarer notre bonne Laurence, actuellement avec les enfants à Fabrégas, et qui est italienne ; mais l’affluence est telle que, vers 7 heures, le commissaire renvoie tout le monde au lendemain.

Acheté aujourd’hui 12 kgs de pâtes alimentaires, qui, avec le riz, le vin de Banyuls et les confitures, constituent une réserve appréciable contre la famine.

 

Hygiène du guerre Affiche de propagande lithographiée de Victor Prouvé, imprimerie Berger-Levrault, 1918 6Fi5696

 

Bulletin Municipal Officiel, 9 août 1914 Création de soupes populaires et appel aux commerçants lyonnais 2C400.588

 

Train d'obus tiré par une motrice "Manage" arrivant à la gare de la Part-Dieu, à Lyon 38Ph1-220

Quelques évènements à venir

14/18 - Lyon, jour après jour
Affiche de l'exposition "14/18 - Lyon, jour après jour"
14/18 - Lyon, jour après jour
+
Gratuit - Sur réservation La première Guerre mondiale à travers ses affiches
Dessin de trois poilus regardant l'horizon
- La première Guerre mondiale à travers ses affiches Atelier
+
Les Italiens dans la Première Guerre mondiale
Affiche de l'exposition "Lyon l'italienne"
Les Italiens dans la Première Guerre mondiale
+